Wednesday, June 23, 2004

"Antigona" au Châtelet: huées pour le metteur en scène Eric Vigner

Le metteur en scène Eric Vigner et son équipe ont été copieusement hués, mardi soir, au Châtelet à Paris, au salut final de la première de la production de l'"Antigona" de l'Italien Tommaso Traetta (1727-1779), par l'Opéra de Montpellier, dans le cadre du Festival des régions.
La direction musicale de Christophe Rousset à la tête de son ensemble des Talens lyriques et la distribution (solistes vocaux et choeur de chambre Les Elémens), ont été en revanche saluées avec chaleur, malgré la défection de l'interprète du rôle-titre, la soprano espagnole Maria Bayo. Cette dernière est remplacée par l'Italienne Raffaela Milanesi, car enceinte, elle a dû entrer plus tôt que prévu à l'hôpital Saint-Antoine pour accoucher (prochaines représentations les 24 et 27 juin).
Le choix des décors (par l'Atelier M/M de Paris) et des costumes signés Paul Quenson, ainsi que la mise en scène, ont motivé le mécontentement d'une majorité du public.
Directeur du Théâtre de Lorient, Eric Vigner fait jouer cette "tragédie en musique" inspirée de l'"Antigone" de Sophocle, mais où les sentiments (amour fraternel, amour d'Emone pour Antigone) règnent en maître, dans un environnement en noir et blanc inspiré par la peinture abstraite.
Les protagonistes évoluent dans des costumes qui rappellent ceux de André Courrèges à ses débuts et transforment le peuple de Thèbes en garagistes en salopettes ou en athlètes en survêtements, également noirs et blancs.
Constamment, le spectacle est en constradiction avec une musique et un chant qui s'efforcent de briser le carcan de l'"opera seria", de privilégier des modes d'expression vocaux en rapport avec le texte.
Créé en 1772 à Saint-Pétersbourg, cette "Antigona" est sortie de l'oubli de façon convainquante par Christophe Rousset et son équipe musicale et vocale : Traetta apparait bien comme un reformateur de l'"opera seria" annonçant Gluck et Mozart.

YB/da/Glk, AFP